Cours de classes préparatoires

Je vais essayer ici de réunir mes cours de classes préparatoires pour les étudiants de prépa, mais aussi pour les curieux qui souhaitent découvrir ce que propose cette formation fabuleuse

posté le 23-11-2016 à 17:07:59

Blablabla

Balle

Jean Balle on kiff

C'est de la balle 

La police municipale : groupe nominal autour duquel la phrase est construite : c’est sur La police municipale que l’affiche communique. C’est le point autour duquel tourne tout le contenu textuel. La police est une notion renvoyant à un grand nombre de signifiés, c’est-à-dire de lectures et d’interprétations possibles.
Centraux dans la vie sociale, la police est l’objet de multiples représentations et le mot police interpelle ainsi les individus de manière hétérogène selon les critères sociaux. On peut ainsi penser classiquement à l’État, la sécurité, la protection, le maintien de l’ordre public et de la loi, mais on peut aussi estimer que le mot police peut évoquer la répression voire le quotidien, une figure « ennemi » et liberticide, instrument de l’État.
Le mot municipal renvoie à la mairie. La précision est décisive puisque jusque là la police municipale n’était pas dotée d’armes à feu. Elle peut évoquer la proximité, une police moins dangereuse, aux prérogatives régaliennes moindre et aux rôles différents de la police nationale.
L’ensemble la police municipale précise donc de qui il s’agit et renvoie à diverses connotations, notamment et surtout autour du mot police.

Un nouvel ami : groupe nominal, complément d’objet direct. Le signe ami est donc le composé du signifiant (l’ensemble de sons et de lettres qui porte un sens) et du signifié « personne pour laquelle on éprouve de l’amitié, de l’affection ». Mais plusieurs couches de lecture, et ainsi l’ami peut être celui qui protège, qui aide, qui soutient… L’ami est une personne, un animal ou un objet qui vient apporter de l’affection. 

 

 

Phrase (2) : Armée 24h/24 et 7j/7

La phrase est ni verbale ni nominale (phrase construite autour du verbe « armer » au participe passé donc non conjugué) et vient compléter la première phrase. C’est un supplément d’information à la première phrase.

 

24h/24 et 7j/7 : L’information brute, explicite et claire, cependant on peut y imaginer plusieurs lectures, interprétations des individus. Au delà, la construction de la phrase peut évoquer plusieurs chose. La précision indique la disponibilité à tout épreuve, l’accessibilité des services de police, quasiment la mise à disposition des services de police à toute heure, ce qui peut largement rappelé les différents commerces qui font de cette plage d’accueil un argument commercial. 

 


 
 
posté le 20-11-2016 à 10:43:52

Vocabulaire de philosophie

Points d’accroche

Contredire est un acte qui consiste dans le fait d’affirmer ce qu’un autre nie, ou nier ce qu’un autre affirme.

Ethnocentrisme:Attitude qui consiste à affirmer que sa propre culture, sinon la seule, est la meilleur. 

C’est ainsi que la tradition participe à constituer notre mémoire, à nous situer dans ce que Ricoeur nomme «un espace d’expérience», expérience au sens de savoir disponible obtenu par réflexion sur ce qui a été vécu.

 

devoir: nécessité qui s’impose à une conscience, qui lui impose d’agir par rapport à une loi.

 

La conscience humaine ne se satisfait jamais de ce qui s’impose à elle de l'extérieur, elle le construit, lui donne du sens dans un système déterminé: une culture.

 

 

En effet, l’être humain se caractérise par la réflexivité, c’est-à-dire la puissance illimité de mettre à distance. C’est ainsi qu’il est capable de ne pas être immédiatement soumis à ce qui s’impose à lui. Par la même, il peut chercher à le connaitre, ce qui est un moment, un aspect de la culture. Ainsi, être cultivé a pour conditions la possibilité de se détacher de tous ce qui peut chercher à déterminer. Non pas pour le refuser, mais pour le connaitre.

 

http://www.philoflo.fr/resources/La+philosophie+antique+comme+mani$C3$A8re+de+vivre.pdf

 

illusion: Confusion nécessaire entre l’apparence et la réalité

 

réalité:Ce qui résiste à la remise en cause

 

violence: ce qui va à l’encontre d’un mouvement naturel, ce qui va à l’encontre de la liberté d’un être capable de liberté.

 

allégorie: ensemble d’image qui a pour fonctions de répondre à un problème philosophique. Chaque image ayant un sens pour la raison.

 

méchants: animés par des penchants à la transgression ( Pascal)

 

 

Normalisme: il n’y a que des mots ou des conventions.

Réalisme: il n’y a de réalité que là où il y a une essence.

 

Nature: ensemble des phénomènes matérielles qui est déterminé par la causalité mécanique.

Phénomène: ce qui  apparait, ce qui se manifeste, soit par la perception sensible, soit par des instruments.

 

autonomie: obéissance à la loi que je me donne en tant qu’être raisonnable.

 

humanité: ce qui rend humain tout être humain.

 

désir: le mouvement conscient qui nous  porte vers ce qui est saisi comme faisant défaut ou bon.

pulsion: mouvement inconscient qui nous porte vers quelque chose. 

volonté: mouvement qui porte le sujet vers ce qui est reconnu bon. 

 

Politique:Elle est une pratique qui concerne la vie en communauté organisée par des lois, pratique par laquelle d’une part des décisions sont prises concernant le bien de cette communauté et ce qui la compose, ces décisions supposent un débat et un accord et par laquelle une lutte réglée oppose ceux qui cherche à participer à cette autorité ou à se l’approprier.

 

démonstration: enchaînement nécessaire d’énoncés vrais qui produit nécessairement un nouvel énoncé vrai( la conclusion).

 

douter: suspendre son jugement.

 

mathématique universelle: toutes démarches rationnelles pour élaborer une vérité.

 

prévention: juger à partir de préjugés.

 

précipitation: attitude qui consiste à se prononcer avant d’avoir atteint la vérité.

 

évidence: situation dans laquelle l’esprit se trouver incontestablement dans la vérité.

 

liberté: -absence de contrainte.

            -indépendance, c’est à dire choisir sans être déterminé par ce qui est extérieur à la conscience ou à la volonté.

            -autonomie, obéir à la loi qu’on s’est prescrite en tant qu’être raisonnable

            -être responsable, répondre de ses actes en tant qu’auteur.

 

norme: ce à quoi on doit se conformer et qui est considéré comme légitime. Problème: C’est l’expression d’une décision la plus souvent oubliée. 

Elle est transmise de génération en génération par l’éducation ou la pression sociale. 

 

héritage: passé de règle qu’on doit intérioriser pour vivre dans un groupe.

 

expérience: Ricoeur: savoir disponible obtenu par réflexion de ce qui a été vécu.

 

loisir: temps de réflexion, temps ouvert à la connaissance.

 

culture:-processus par lequel l’être humain met en valeur ses propres facultés

            -façon dont les différents peuples se caractérisent.

 

ennui: temps vide.

 

divertissement: ensemble des conduites qui détournent de l’ennui. 

 

loi:énoncé universel qui décrit et prescrit les nécessités objectives.

 

tradition: transmission spécifique humaine faite par la voie de l’héritage et de la civilisation commune à un groupe.

 

devenir accompli: comprendre que l’on vit dans un cosmos

 

cosmos:totalité hiérarchique organisée.

 

aporie: impasse intellectuel qui impose de se rendre compte qu’on ne sait pas de manière à ne pouvoir occulter cette ignorance.

 

hasard:  rencontre entre deux séries causales indépendantes, selon Cournot.

 

Ricoeur: puissance d’interroger son être dans la confrontation avec le réel.

 

Imagination: première mise en forme du sensible, et l’entendement permet la deuxième mise en forme du sensible(selon Kant).

 

La relation du signifiant( sensible) au signifié( pensé) est la signification.


Blogs partenaires : Conetsens

                                Max

 


 
 
posté le 14-11-2016 à 11:57:14

Petit article sur Chateaubriand et sa clique

Corpus de texte: ChateauBriand

 

 

 

Chateaubriand est un auteur français né en 1768 et mort en 1848. Grand voyageur, il voulait absolument marquer son passage en Amérique. Il y passa un peu moins d’un an. Sa vie fut jonchée d’expériences de toutes sortes allant d’un carrière militaire à une carrière politique, en passant par une vie dans un grenier en Angleterre en tant que professeur de français et traducteur pour libraire, et un voyage en Orient.

 

Indéniablement son style d’écriture est touchant, laissant notre imagination glisser lentement dans le nouveau monde. Son voyage a dû d’ailleurs le marquer. À travers ses textes, on sent la présence divine: en effet, Chateaubriand était un homme qui aimait la religion, et sa solitude dans la Wilderness fut certainement le combustible de son ardente ferveur religieuse.

 

En quoi les écrits de Chateaubriand révèlent ils un amour pour la religion et quelle place Chateaubriand donne-t-il à celle-ci? Comment défend-il la religion dans cette période de troubles en France?

 

Chateaubriand est contemporain à la Révolution. Il a connu avant. Il a connu après. Il a connu pendant. Ceci n’est pas sans importance, puisque on découvre le génie du personnage, pragmatique, s’adaptant aux situations. Mais pas seulement. On ne peut s’arrêter seulement à cette attitude face aux évènements; il n’était pas seulement un homme flottant sur l’océan sociale quelque soit son état, agité ou calme. Chateaubriand savait faire parler son coeur; il savait aimer, il savait admirer, voir dans les choses leurs plus belles faces. Parfois en cacher d’autres, les laissant sombrer dans l’oubli, puisqu’elle ne pourrait qu’entacher la chose. Il savait embellir, une sorte de main de Dieu, créatrice de fantastique décor, de fantastiques idées.

C’est ainsi qu’il donna à la religion un nouveau souffle, une nouvelle lancée. 

 

Les textes choisis ont pour but de montrer la ferveur religieuse de Chateaubriand, comment il a pu embellir la religion, dont l’image se détériorait. Il a su donner à la religion une nouvelle raison d’être.

 

«Un soir je m'étais égaré dans une grande forêt à quelque distance de la cataracte de Niagara ; bientôt je vis le jour s'éteindre autour de moi, et je goûtai dans toute sa solitude, le beau spectacle d'une nuit dans les déserts du Nouveau-Monde.

        Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l'horizon opposé. Une brise embaumée que cette reine des nuits amenait de l'orient avec elle, semblait la précéder dans les forêts comme sa fraîche haleine. L'astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée ; tantôt il reposait sur des groupes de nues, qui ressemblaient à la cime de hautes montagnes couronnées de neige. Ces nues, ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d'écumes, ou formaient dans les cieux des bancs d'une ouate éblouissante, si doux à l'oeil, qu'on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité. La scène sur la terre n'était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune, descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumières jusques dans l'épaisseur des plus profondes ténèbres. La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu'elle répétait dans son sein. Dans une vaste prairie, de l'autre côté de cette rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement, sur les gazons. Des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; mais au loin, par intervalles, on entendait les roulements solennels de la cataracte de Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert, et expiraient à travers les forêts solitaires.

        La grandeur, l'étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s'exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. En vain dans nos champs cultivés, l'imagination cherche à s'étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes : mais dans ces pays déserts, l'âme se plaît à s'enfoncer dans un Océan de forêts, à errer aux bords des lacs immenses, à planer sur le gouffre des cataractes, et pour ainsi dire à se trouver seule devant Dieu.»

 

Génie du christianisme

Génie du christianisme est un ouvrage paru en 1802 qui fait l’éloge du christianisme. À travers ce texte, une description divine du paysage est faite . Chateaubriand est seul, il contemple la nature s’offrant à ses yeux, il contemple le monde pur, non souillé par l’homme, et considère ce moment comme une rencontre avec Dieu. On dirait que les merveilles de la nature ne peuvent que relever de l’existence de Dieu. Par ces puissantes images, Dieu est rendu magnifique. Créateur de la nature, parfaite, merveilleuse, et inatteignable pour le seul langage humain. 

 

«Elevé comme le compagnon des vents et des flots, ces flots, ces vents, cette solitude, qui furent mes premiers maîtres, convenaient peut-être mieux à la nature de mon esprit et à l'indépendance de mon caractère. Peut-être dois-je à cette éducation sauvage quelque vertu que j'aurais ignorée : la vérité est qu'aucun système d'éducation n'est en soi préférable à un autre. Dieu fait bien ce qu'il fait ; c'est sa providence qui nous dirige, lorsqu'elle nous appelle à jouer un rôle sur la scène du monde.» 

Voyages en Amérique

 

Atala fut un roman écrit à son retour d’Amérique qui fut un succès. Il raconte l’amour de deux sauvages dans la nature pur des Amériques... Peut-on se détacher de l’image d’Adam et Ève, avec Atala qui avait fait voeu de chasteté? Serait-ce une simple coïncidence? Il est difficile de s’accorder à cette dernière hypothèse, car Atala fut aussi considéré comme un éloge au christianisme.

«Il y a des justes dont la conscience est si tranquille, qu'on ne peut approcher d'eux sans participer à la paix qui s'exhale pour ainsi dire de leur coeur et de leurs discours. A mesure que le solitaire parlait, je sentais les passions s'apaiser dans mon sein, et l'orage même du ciel semblait s'éloigner à sa voix. Les nuages furent bientôt assez dispersés pour nous permettre de quitter notre retraite. Nous sortîmes de la forêt, et nous commençâmes à gravir le revers d'une haute montagne. Le chien marchait devant nous en portant au bout d'un bâton la lanterne éteinte. Je tenais la main d'Atala, et nous suivions le missionnaire. Il se détournait souvent pour nous regarder, contemplant avec pitié nos malheurs et notre jeunesse. Un livre était suspendu à son cou ; il s'appuyait sur un bâton blanc. Sa taille était élevée, sa figure pâle et maigre, sa physionomie simple et sincère. Il n'avait pas les traits morts et effacés de l'homme né sans passions ; on voyait que ses jours avaient été mauvais, et les rides de son front montraient les belles cicatrices des passions guéries par la vertu et par l'amour de Dieu et des hommes. Quand il nous parlait debout et immobile, sa longue barbe, ses yeux modestement baissés, le son affectueux de sa voix, tout en lui avait quelque chose de calme et de sublime. Quiconque a vu, comme moi, le père Aubry cheminant seul avec son bâton et son bréviaire dans le désert, a une véritable idée du voyageur chrétien sur la terre.»

 

Ce personnage du père Aubry représente la chrétienté au sens de l’homme comblé par la religion, l’homme raisonné, n’ayant d’amour que pour Dieu, et par cet amour sa vie ne s’en trouve qu’enrichie. L’extrait que je propose commence par «Il y a des justes dont la conscience est si tranquille». Cette assertion représente la pureté de l’homme chrétien, juste, tranquille. Chateaubriand parle de cicatrices guéries par l’amour de Dieu. 

Ce voyageur représente en fait une sorte de sagesse, une sorte d’ermite érudit, solitaire, avec Dieu comme guide. Et ce guide n’a pas l’air de l’emmener dans la naïveté, mais plutôt dans toutes les vertus possibles et dans la plus belle des tranquillités permises aussi grâce à ce «nouveau monde» aussi pur. 

 

«L'aurore, paraissant derrière les montagnes, enflammait l'orient. Tout était d'or ou de rose dans la solitude. L'astre annoncé par tant de splendeur sortit enfin et un abîme de lumière, et son premier rayon rencontra l'hostie consacrée, que le prêtre en ce moment même élevait dans les airs. O charme de la religion ! O magnificence du culte chrétien ! Pour sacrificateur un vieil ermite, pour autel un rocher, pour église le désert, pour assistance d'innocents sauvages ! Non, je ne doute point qu'au moment où nous nous prosternâmes le grand mystère ne s'accomplit et que Dieu ne descendit sur la terre, car je le sentis descendre dans mon coeur.»

 

 

 

«Liberté primitive, je te retrouve enfin ! Je passe comme cet oiseau qui vole devant moi, qui se dirige au hasard, et n'est embarrassé que du choix des ombrages. Me voilà tel que le Tout-Puissant m'a créé, souverain de la nature, porté triomphant sur les eaux, tandis que les habitants des fleuves accompagnent ma course, que les peuples de l'air me chantent leurs hymnes, que les bêtes de la terre me saluent, que les forêts courbent leur cime sur mon passage. Est-ce sur le front de l'homme de la société, ou sur le mien, qu'est gravé le sceau immortel de notre origine ? Courez vous enfermer dans vos cités, allez vous soumettre à vos petites lois ; gagnez votre pain à la sueur de votre front, ou dévorez le pain du pauvre ; égorgez-vous pour un mot, pour un maître ; doutez de l'existence de Dieu, ou adorez-le sous des formes superstitieuses : moi j'irai errant dans mes solitudes ; pas un seul battement de mon coeur ne sera comprimé, pas une seule de mes pensées ne sera enchaînée ; je serai libre comme la nature ; je ne reconnaîtrai de souverain que celui qui alluma la flamme des soleils et qui d'un seul coup de sa main fit rouler tous les mondes [Je laisse toutes ces choses de la jeunesse : on voudra bien les pardonner.»

 

Voyage en Amérique

 

Dans ce passage, Chateaubriand crie sa liberté, prône son indépendance, et ne s’attarde pas sur les soucis que la société engendre. Il se dit homme libre, qui ne reconnaît que Dieu, son Créateur. On voit ici l’attachement dont il fait preuve, et à quel point la religion est importante. Par ailleurs, un tel amour permet de raviver la flamme religieuse des Français à cette période qui s’éteint, et c’est une façon de dire qu’il est possible d’associer liberté et amour de Dieu. En effet, la fin du 18ème siècle est marqué par un affaiblissement de la croyance religieuse. Le roi est Dieu. Mais Chateaubriand ne peut accepter cette idée. Dieu doit être le seul souverain, et Dieu ne peut entraver les libertés auxquels prétend l’Homme. Pour les républicains, la religion à laquelle on croit à cette époque est synonyme d’anti-révolution, synonyme de roi, et donc d’absence de liberté. Il faut trouver une alternative à la foi, ou en tout cas à la foi comme on l’avait; on ne peut plus croire comme avant, avec seulement la raison, croire en une vie après la mort, car on sait que l’on va bientôt mourir. Chateaubriand dit qu’il faut aimer;

 

«La nature a ses temps de solennité, pour lesquels elle convoque des musiciens de différentes régions du globe. On voit accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, de vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des ballades à refrain, des pèlerins qui répètent mille fois les couplets de leurs longs cantiques. Le loriot siffle, l'hirondelle gazouille, le ramier gémit : le premier, perché sur la plus haute branche d'un ormeau, défie notre merle, qui ne le cède en rien à cet étranger ; la seconde, sous un toit hospitalier, fait entendre son ramage confus ainsi qu'au temps d'Évandre ; le troisième, caché dans le feuillage d'un chêne, prolonge ses roucoulements, semblables aux sons onduleux d'un cor dans les bois ; enfin le rouge-gorge répète sa petite chanson sur la porte de la grange où il a placé son gros nid de mousse. Mais le rossignol dédaigne de perdre sa voix au milieu de cette symphonie : il attend l'heure du recueillement et du repos, et se charge de cette partie de la fête qui se doit célébrer dans les ombres. Lorsque les premiers silences de la nuit et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées ; lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas une feuille, pas une mousse ne soupire, que la lune est dans le ciel, que l'oreille de l'homme est attentive, le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l'Éternel. D'abord il frappe l'écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants ; il saute du grave à l'aigu, du doux au fort ; il fait des pauses ; il est lent, il est vif c'est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l'amour. Mais tout à coup la voix tombe, l'oiseau se tait. Il recommence ! Que ses accents sont changés ! quelle tendre mélodie. Tantôt ce sont des modulations languissantes, quoique variées ; tantôt c'est un air un peu monotone, comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d'œuvre de simplicité et de mélancolie. Le chant est aussi souvent la marque de la tristesse que de la joie : l'oiseau qui a perdu ses petits chante encore ; c'est encore l'air du temps du bonheur qu'il redit, car il n'en sait qu'un ; mais, par un coup de son art, le musicien n'a fait que changer la clef, et la cantate du plaisir est devenue la complainte de la douleur.»

Ici, les merveilles de la nature sont encore dédiées à Dieu; les oiseaux chantent pour lui (« le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l'Éternel»). On sait que Chateaubriand préfère défendre la religion avec le coeur qu’avec la raison. C’est en quelque sorte l’homme nous demandant: «Croyez vous que tout peut-être aussi parfait sans Dieu?». Et la réponse, venant tout droit du coeur et des émotions est: « Si la nature est parfaite, elle est due à un Créateur.»

La force de Chateaubriand se trouve dans son pouvoir de description, qui nous enchaîne aux lignes, impossible de s’en détacher. Et quand le pinceau dans notre esprit peint ce que nous lisons, alors nous sommes transportés dans les vastes déserts, nous nous coupons du monde, nous plongeant dans la solitude du voyage. 

L’extrait suivant est seulement présent pour nous montrer le pouvoir de Chateaubriand à donner vie à ses descriptions.

 

 

 

«Une jeune fille parut à l'entrée de la cabane. Sa taille haute, fine et délice, tenait à la fois de l'élégance du palmier et de la faiblesse du roseau. Quelque chose de souffrant et de rêveur se mêlait à ses grâces presque divines. Les Indiens, pour peindre la tristesse et la beauté de Céluta, disaient qu'elle avait le regard de la Nuit et le sourire de l'Aurore. Ce n'était point encore une femme malheureuse, mais une femme destinée à le devenir. On aurait été tenté de presser cette admirable créature dans ses bras, si l'on n'eût craint de sentir palpiter un coeur dévoué d'avance aux chagrins de la vie.

Céluta entre en rougissant dans la cabane, passe devant les étrangers, se penche à l'oreille de la matrone du lieu, lui dit quelques mots à voix basse, et se retire. Sa robe blanche d'écorce de mûrier ondoyait légèrement derrière elle, et ses deux talons de rose en relevaient le bord à chaque pas. L'air demeura embaumé, sur les traces de l'Indienne, du parfum des fleurs de magnolia qui couronnaient sa tête : telle parut Héro aux fêtes d'abydos ; telle Vénus se fit connaître, dans les bois de Carthage, à sa démarche et à l'odeur d'ambroisie qu'exhalait sa chevelure.»

Les Natchez

«Les Indiens, pour peindre la tristesse et la beauté de Céluta, disaient qu'elle avait le regard de la Nuit et le sourire de l'Aurore.» Chateaubriand admirait la nature comme les indiens, au point que ces derniers en faisait des entités, avec un regard et un sourire, par exemple.On a vu précédemment que Chateaubriand était émerveillé devant la nature, la personnifiant à sa manière (Génie du Christianisme). En comparant Céluta à une merveille possédant les caractéristiques des plus belles choses que peuvent nous offrir le monde, elle devient une déesse. 

Dans quelle rêveries nous emmènent cette description, exaltant nos sens, ravivant nos passions. Chateaubriand avait cette capacité de rendre ces lignes passionnels, établissant entre le lecteur et le décor des liens imperceptibles, des liens venant du coeur, allant s’attacher aux tableaux de Chateaubriand, et finalement, à admirer ce que Chateaubriand admirait.

 

 

 

 

 

 

Les oiseaux, les quadrupèdes, les poissons, servent de baromètre, de thermomètre, de calendrier aux sauvages : ils disent que le castor leur a appris à bâtir et à se gouverner, le carcajou à chasser avec des chiens, parce qu'il chasse avec des loups, l'épervier d'eau à pêcher avec une huile qui attire le poisson.

Le carcajou est une espèce de tigre ou de grand chat. La manière dont il chasse l'orignal avec ses alliés les renards est célèbre. Il monte sur un arbre, se couche à plat sur une branche abaissée, et s'enveloppe d'une queue touffue qui fait trois fois le tour de son corps. Bientôt on entend des glapissements lointains, et l'on voit paraître un orignal rabattu par trois renards, qui manoeuvrent de manière à le diriger vers l'embuscade du carcajou. Au moment où la bête lancée passe sous l'arbre fatal, le carcajou tombe sur elle, lui serre le cou avec sa queue, et cherche à lui couper avec les dents la veine jugulaire. L'orignal bondit, frappe l'air de son bois, brise la neige sous ses pieds : il se traîne sur ses genoux, fuit en ligne directe, recule, s'accroupit, marche par sauts, secoue sa tête. Ses forces s'épuisent, ses flancs battent, son sang ruisselle le long de son cou, ses jarrets tremblent, plient. Les trois renards arrivent à la curée : tyran équitable, le carcajou divise également la proie entre lui et ses satellites. Les sauvages n'attaquent jamais le carcajou et les renards dans ce moment : ils disent qu'il serait injuste d'enlever à ces autres chasseurs le fruit de leurs travaux.

 

Voyages en Amériques, Carcajou

 

Le jeûne accompli, les guerriers se baignent : on sert un grand festin. Chaque Indien fait le récit de ses songes : si le plus grand nombre de ces songes désigne un même lieu pour la chasse, c'est là qu'on se résout d'aller.

Le guerrier explorateur et vainqueur se hâte alors de descendre : il allume sa pipe, la met dans la gueule de l'ours, et soufflant dans le fourneau du calumet, remplit de fumée le gosier du quadrupède. Il adresse ensuite des paroles à l'âme du trépassé ; il le prie de lui pardonner sa mort, de ne point lui être contraire dans les chasses qu'il pourrait entreprendre. Après cette harangue, il coupe le filet de la langue de l'ours, pour le brûler au village, afin de découvrir, par la manière dont il pétillera dans la flamme, si l'esprit de l'ours est ou n'est pas apaisé

 

Voyages en Amérique

 

 

 

"L'hospitalité est la dernière vertu naturelle qui soit restée aux Indiens au milieu des vices de la civilisation européenne. On sait quelle était autrefois cette hospitalité : une fois reçu dans une cabane, on devenait inviolable; le foyer avait la puissance de l'autel; il vous rendait sacré. Le maître de ce foyer se fût fait tuer avant qu'on touchât à un seul cheveu de votre tête.
Lorsqu'une tribu chassée de ses bois, ou lorsqu'un homme venait demander l'hospitalité, l' étranger commençait ce qu'on appelait la "danse du suppliant". Cette danse s'exécutait ainsi : le suppliant avançait quelques pas, puis s'arrêtait en regardant le supplié, il reculait ensuite jusqu'à sa première position. Alors les hôtes entonnaient le chant de l'étranger : "voici l'étranger, voici l'envoyé du Grand Esprit". Après le chant, un enfant allait prendre la main de l'étranger pour le conduire à la cabane. Lorsque l'enfant touchait le seuil de la porte, il disait: " Voici l'étranger!" et le chef de la cabane répondait: "Enfant, introduis l'homme dans ma cabane" L'étranger, entrant alors sous la protection de l'enfant, allait, comme chez les Grecs, s'asseoir sur la cendre du foyer. On lui présentait le calumet de paix; il fumait trois fois, et les femmes disaient le chant de la consolation: "L'étranger a retrouvé une mère et une femme : le soleil se lèvera et se couchera pour lui comme auparavant."
On remplissait d'eau d'érable une coupe consacrée : c'était une calebasse ou un vase de pierre qui reposait ordinairement dans le coin de la cheminée, et sur lequel on mettait une couronne de fleurs. L'étranger buvait la moitié de l'eau, et passait la coupe à son hôte, qui achevait de la vider."

 

Voyages en Amériques

 


Commentaires

 
 
 
posté le 14-11-2016 à 11:51:41

Fiche de lecture : Discours de la méthode, Descartes

Discours de la méthode

 

Introduction: Le discours de la méthode témoigne de la confrontation caractéristique de l’époque de Descartes entre un scepticisme hérité de Montaigne et une science en train de se constituer de manière incontestable: la physique reposant sur la méthode expérimental( Galilée, Toricelli, Pascal,...). L’homme est il capable d’atteindre la vérité et de fonder sur cette connaissance une existence sensé ou bien ne pouvant atteindre aucune certitude, est il condamné soit à ne pas agir, soit à se conformer aux moeurs de son temps sans jamais savoir si son action est vraiment bonne? Descartes fait en philosophie l’objet de sa recherche. Mais cet objet n’a toute sa valeur que parce qu’il est articulé à l’existence: «Apprendre à distinguez le vrai d’avec les faux pour voir clairs en mes actions et marcher avec assurance en cette vie.» La théorie n’a de valeur qu’en tant qu’elle est aussi une pratique, c’est-à-dire une réflexion sur les principes de l’existence et de l’action. C’est pourquoi Descartes proposera l’image de l’arbre pour figurer l’articulation organique des sciences entre elles. Ainsi le chemin qu’il faut suivre lorsque l’on veut connaitre vraiment

 

C’est par la mise en oeuvre d’une méthode rigoureuse, c’est à dire qui comprend la nécessité du lien entre les connaissances qu’il faut procéder pour atteindre la vérité dans tous les domaines. La rigueur de cette méthode qui va consister en la mise en oeuvre de règle est l’expression d’une vertu théorique et pratique: la résolution. En effet, il s’agit d’éviter le travers des sceptiques qui, considérant que l’on ne peut atteindre avec certitude la vérité ne parviennent pas à régler la recherche de celle ci à une décision libre que rien ne peut remettre en cause. Ils sont irrésolus par méthode. C’est bien parce que l’esprit est capable de se détacher de tous ceux qui pèsent sur lui , ils disposent d’une liberté qu’il peut engager de manière absolu. C’est en cela que l’être humain trouve sa perfection.

 

C’est parce que Descartes constate à la fois que nous sommes capables de rechercher la vérité et que nous n’en disposons pas que la résolution de la rechercher s’impose. Par la même, un premier doute se manifeste: il concerne les certitudes admises, c’est à dire le principe d’autorité. Il faut interroger tout ce qui cherche à s’imposer à notre esprit, exercer une autorité sur lui: la seule autorité légitime est celle de la raison. D’où la première règle de la méthode qui identifie l’objectif à atteindre: l’évidence rationnelle, et les deux obstacles à surmonter: la prévention juger à l’aide de préjugés) et la précipitation( se prononcer avant d’avoir atteint l’évidence rationnelle). Cette première règle impose alors la méthode à l’oeuvre dans toutes démarches scientifiques, et qui se trouvent de manière exemplaire dans les mathématiques: analyser les difficultés, organiser les vérités, et s’assurer que toutes celles dont on a besoin pour résoudre une difficulté ont été mise en oeuvre. C’est le modèle de la démonstration qui caractérise la mathématiques universelles, c’est à dire l’enchainement nécessaire d’énoncés vrais qui produit nécessairement un nouvel énoncé vrai. 

 

 

{copier feuille maison}

 

Avec l’argument du rêve le doute méthodique impose de reconnaitre qu’aucune de mes représentations n’est absolument certaines. Faut-il pour autant reconnaitre avec les sceptiques que l’esprit humain ne peut atteindre aucune certitude. Descartes opère une réflexion sur la démarche qu’il a opéré. Il reconnait ainsi que si le contenu de nos représentations est douteux, l’acte de douter ou même de se représenter quelque chose échappe au doute. En effet, le «je», c’est à dire la conscience, ou encore l’acte qui donne une forme à ce qui s’impose est la condition de toutes démarches intellectuelles. Voilà pourquoi le «je pense» est la condition de toutes nos pensées ou encore il suffit que je pense pour qu’en même temps s’impose à moi avec évidence que quelque chose( le «je») existe.

 

L’essence du «je» réside dans la pensée. Autrement dit, non seulement le «je» est conscient, mais il l’est toujours. Il y a donc identité stricte entre conscience et pensée. Cependant ce qui vaut pour le sujet métaphysique vaut il pour le sujet individuel?

 

C-Connaissance de soi: de l’universel(l’essence) au singulier (l’identité personnelle)

 

Nous expérimentons dans le sommeil ou dans l’évanouissement des intermittences de la conscience: le «je» est il à ce moment là anéanti? Et lorsque l’on reprend conscience, est ce un nouveau «je» qui apparaitrait? Ce n’est pas le sentiment que nous avons. Descartes ne se trompe t’il pas en identifiant pensée et conscience? En effet, il faut arriver à comprendre si il est possible de maintenir la thèse cartésienne contre l’expérience du sommeil. Descartes distingue dans deux de ces lettres( Chanut  et Arnault) la présence de la conscience qui est continue et la mémoire qui n’est pas à l’oeuvre à chaque instant. Il semble ainsi distinguer la conscience réfléchi( attention) et la simple conscience spontanée( présence à ..., son attention). Pour que le souvenir se produise affirme Descartes, il faut deux conditions: une trace laissée dans le corps de ce qui a été vécu, et une perception présente qui présente un point commun avec la trace corporelle. Un peu à l'image de débat sans fin et de choix de balleMais ce souvenir peut ne pas s’accompagner de la conscience du temps. Descartes constate qu’il aime une femme affecté d’un strabisme sans comprendre que cet amour est lié à ce qu’il a vécu étant jeune. Ainsi il y a bien un permanence de la conscience mais pas de l’attention ni de la réflexion. Dans ces conditions, comment peut on décrire l’identité personnelle? Puis je avec certitude savoir qui je suis, c’est à dire connaitre le «je» que je suis? Ou bien cette certitude ne vaut elle que pour le «je pense» découvert grâce au doute hyperbolique?

 

III- L’expérience ne permet-elle pas de contester ce que la réflexion métaphysique prétend avoir établi à propos de la question 

 

Descartes distingue deux espèces de certitudes: la première est celle qui accompagne notre existence: elle est cette confiance un peu aveugle dont nous avons besoin pour vivre et agir; elle ne repose sur aucune démonstration mais sur des manières de vivre commune qui n’ont pas été mise à mal par la réalité. Par la certitude métaphysique ou mathématique repose en revanche sur le doute méthodique et la démonstration rationnelle. L’identité personnelle peut elle s’articuler sur une certitude et à laquelle?

 

Quelle expérience avons nous effectivement de notre moi? Hume affirme que toutes nos représentations procèdent de perceptions, c’est à dire d’impressions sensibles. Existe t il une impression qui corresponde à l’idée d’un moi simple et continu comme le prétend Descartes? Où à l’idée d’un moi continu que chacun semble posséder? En effet, chacun d’entre nous croit être le même que celui ou celle qu’il ou elle a été il y a une quelconques p^ériodes. Or, parce que chaque impression sensible est un élément entre d’autre, il n’existe aucune impression continue, il ne peut donc pas y avoir d’idée du moi telle que nous croyons que nous en disposons. Ainsi Hume considère t il que la thèse cartésienne repose sur une illusion? Il reste à expliquer le sentiment que nous avons de notre propre identité. Hume décrit l’esprit comme «une sorte de théâtre, où différentes perceptions font leurs apparitions...»Traité de la nature humaine. Dans ces conditions, la conscience est comme un spectateur de ce qui s’impose à elle, qu’elle cherche à comprendre. Pour cela elle met en oeuvre 3 relations, la ressemblance, la contiguité et la cause à effet. C’est à partir de ces relations que l’imagination forge des idées générales parmi lesquels les mots. C’est à l’aide de la mémoire et de ses relations que l’esprit produit la représentation de l’identité personnelle. Elle ne correspond pas à une connaissance certaine de soi, mais à une construction à partir des éléments que la mémoire peut mobiliser et auquel l’imagination peut donner une cohérence. Cest ainsi que l’identité personnelle est le discours que le sujet «je» est capable de produire à propose de lui même. Un peu à l'image de débat sans fin et de choix de balle 

 

La réflexion personnelle nous confronte aux problèmes issus de la contradiction entre le sentiment de l’existence d’un moi permanent et l’évidence de son caractère fictif. Il s’agit donc de comprendre ce qui constitue le sentiment de cette identité. Paul Ricoeur dans Soi même comme un autre montre la nécessité de mettre en évidence les deux aspects qui constituent cette identité: le caractère et la promesse à soi. Par le caractère, ce qui m’échappe dans mon identité me rattache à tout mon passé, donne un style à ma conduite, mon rapport immédiat à ce qui m’arrive. C’est la dimension de la passivité en moi. En même temps je fais l’expérience à la fois dans le discours et dans l’action d’imprimer une certaine marque à ma conduite, une marque que j’ai choisi et dans laquelle je me reconnais. C’est comme une promesse que je me fais de m’affirmer en tant qu’être libre et ainsi d’assumer la responsabilité de ce que je suis. Mon identité personnelle articule ainsi dans le temps en fonction de ce qui s’impose à moi et que je ne choisis pas ou sur laquelle je n’influe pas, les hasards, l’expérience d’une liberté déterminé. Ainsi, la certitude de ma propre identité est vécu plutôt que réflexive et doit se confronter aux lacunes de la mémoire qui m’amènent à reconnaitre que le je doit sans cesse se reconstituer en acceptant une part d’ignorance qui limite d’autant ce que l’on peut nommer la maitrise de soi. 

 


 
 
posté le 14-11-2016 à 11:49:58

Genèse de la mondialisation

 

  1. Crise et restructuration de l’économie mondiale des années 70 jusqu’en 2000.

 

Les années 70 marquent une forte rupture dans un cycle de croissance qui a débuté dès l’après-guerre (1945) et à partir de ces années commence une nouvelle période de récession, de très forte instabilité – le terme de « crise » étant assez inapproprié.

 

 

  1. L’inauguration d’une ère nouvelle et instable.

 

 

1.1. Le choc de l’automne 1973.

 

 

L’année 73 commence de manière optimiste mais avec le recul, elle apparaît comme étant déraisonnable. C’était surtout un optimisme politique, la guerre du Vietnam prenait progressivement fin et un optimiste économique avec une détente qui commence dans les années 62 avec une ouverture de la conférence d’Helsinki en 1973 dont les conclusions arrivent en 1975.

Les OPEAP prennent une décision unilatérale qui est celle de l’↗ du prix du pétrole suite à la guerre du Kippour/d’Octobre (conflit israélo-arabe) dès octobre 73 mais à ce moment-là, on ne fait pas tellement attention à cette dimension économique, on ne pense qu’à la dimension politique avant de prendre conscience de l’incidence économique. De plus, certains pays (surtout les EU) sont assez satisfaits de cette réévaluation du prix de pétrole car cela permet de rendre rentable leur propre exploitation nationale : un pétrole qui devient moins cher à exploiter aux EU qu’à importer depuis les pays arabes.

Cette augmentation du prix du pétrole se fait progressivement sur trois mois, la conférence de l’OPEP à Téhéran (décembre 73) constitue la décision définitive –le prix a été quadruplé. Après cette dernière décision, les 1ères victimes (Europe et Japon) sont hantées par la pénurie du pétrole car l’OPEP décide l’↗ des prix mais dans un même temps de la ↘ de l’exportation de pétrole, ce qui entraîne de manière mécanique l’↗ du prix du pétrole.

Le Japon met tout en œuvre pour assurer une sécurité d’approvisionnement énergétique. 

Rationnement d’essence, limitations de vitesse et incitation à ralentir la production dans les entreprises.

En Europe, 60% de l’énergie nécessaire à la consommation et à la production est une énergie pétrolière : impact considérable de l’↗ du prix du pétrole et sa raréfaction.

On découvre la dépendance énergétique mais aussi la capacité du TM à trouver des moyens efficaces pour se faire entendre. Peu considéré, ce TM devient capable de réagir vis-à-vis des pays riches.

 

Ce 1er choc pétrolier provoque un retournement spectaculaire de la conjoncture avec :

  • 1er effet : une inflation à deux chiffres de l’ordre de 13,5% mais elle a pu aller jusqu’à des pics de 20% au Japon. Le prix de toutes les matières premières augmentent. Effet mécanique inflationniste d’un prix sur un autre prix.
  • 2ème effet : les pays sont dans l’urgence de se procurer de nouvelles devises pour faire face à cette crise.
  • 3ème effet : ce cartel du pétrole est suffisamment efficace pour constituer un modèle pour d’autres productions dans d’autres pays du TM, ↗ du prix des matières premières via une forme de mimétisme (ex : le café).

 

Tout d’un coup, dans le paysage économique, interviennent les pays du TM. Il sen profitent pour se réunir lors d’une des conférences du CNUCED à Alger pour demander un « nouvel ordre économique international » (NOEI) : ces pays du TM décident que dorénavant le commerce s’effectue de manière différente et ne soit pas lié qu’aux seules décisions des pays riches. Les pays exportateurs ne veulent plus être victimes de l’échange inégal et de la dégradation des termes de l’échange. De plus, ils veulent en profiter pour reprendre en main l’exploitation de leurs ressources déjà exploitées par des FTN. 

Face à ces conditions nouvelles, on voit que le TM impose certaines de ces décisions et l’Occident quant à lui, manque d’unité. Certains pays comme le Canada et l’Australie profitent de cette ↗ du pétrole pour encourager la formation de cartel car ils sont eux-mêmes exportateurs de pétrole et de matières premières. Au contraire, d’autres pays comme le RU, la France et le Japon complètement dépendants négocient individuellement des accords de livraison avec les pays exportateurs.

 

Il s’agit donc d’une 1ère inflation exogène (qui vient d’un phénomène extérieur : le choc pétrolier) qui donne lieu à une inflation endogène.

Celle-ci est liée à l’augmentation des salaires dans les pays occidentaux pour suivre l’↑ des prix et permettre aux populations de conserver ±leur pouvoir d’achat.

Autre effet : hémorragie des devises parce que les pays sont obligés de payer avec la monnaie en stock, le dollar et des balances commerciales qui deviennent déficitaires.

Autre effet : ralentissement de la croissance car elle demande le ralentissement de l’activité économique. Les pays riches doivent accepter le développement du chômage, la ↓ de la consommation, ils rentrent dans une forme de récession nationale mais aussi internationale.

 

C’est à ce moment-là qu’on se rend compte que le « carré de Kalder » est impossible.

Kalder est un économiste keynésien du 20ème siècle ayant élaboré un schéma au cours des années 50 appelé « le carré magique ». Il est constitué de quatre principes de fonctionnement économique : la croissance, l’inflation, la balance commerciale et le chômage.

1er résultat de l’analyse  Le carré montre que les pays sont dans l’incapacité, ne seront jamais capable d’atteindre cette situation idéale.

2ème résultat de l’analyse : on comprend les relations entre chaque composant du carré. Toutes les politiques qu’on met en place sont insuffisantes.

Soit on accepte le chômage, soit on accepte l’inflation.

La théorie du carré magique ne correspond pas tout à fait à la réalité mais laisse quelques surprises comme par exemple l’extension de la crise qui a des répercussions sur l’ensemble des pays ainsi que sur les pays sous-développés qui ont une consommation faible et sont victimes des prix. Les pays socialistes sont à leur tour touchés mais plus indirectement car ils étaient déjà dans une crise économique dès 70.

Extension géographique de la crise sans logique de diffusion : des EU durement touchés d’abord puis qui s’en sortent correctement puis une France touchée tardivement mais plus fortement dans la durée.

Autre surprise, on constate une moindre brutalité car on s’entend à une crise de l’ampleur de celle des années 30 mais pas de crise boursière, pas/peu de contraction des échanges de marchandises et financiers.

Dans ces années 73-74, même la poussée de chômage ne semble pas aussi violente.

 

Face à cette crise, différentes interprétations souvent inadéquates :

  • On accepte l’↗ du pétrole en considérant que c’est la façon pour les pays du TM de s’insérer dans le commerce international et d’être à leur tour des importateurs de produits manufacturés.
  • Les théories marxistes pensent que cette crise est la fin du capitalisme.
  • L’analyse des libéraux qui voient en cette crise une lecture classique, c’est-à-dire la fin d’un cycle de prospérité (Kondratiev, cycle long).
  • Certains plus proches de Schumpeter estiment qu’il y a épuisement des innovations.

Mais ces analyses étant fausses, les réponses sont maladroites. Les gouvernements d’abord passifs, réagissent en menant des politiques déflationnistes (faire en sorte que les gens consomment moins pour moins dépenser) qui aggravent les choses : ↗ du taux de chômage car l’activité est ralentie.

Les entreprises réduisent leur production, accumulent les stocks, donc pas de vente d’où faillite.

 

 

1.2. La rupture des équilibres fondateurs et révélateurs de la croissance des Trente Glorieuses.

 

 

Des événements antérieurs au choc pétroles.

 

  • Inflation :

Elle s’accélère mais n’apparaît pas avec le choc pétrolier car elle existait déjà auparavant. 

Entre 1962 et 1972, elle était de l’ordre de +4% pour les pays de l’OCDE. En 1973 : +8% et en 1974 : +13,3%.

Elle se produit dans un contexte économique nouveau : inflation, production qui régresse et chômage qui se développe.

Causes de cette inflation :

  • Dans les années 70, l’expansion est due à des entreprises qui fonctionnent à plein régime mais ne peuvent pas produire plus (limites de la MO, des machines) donc la demande n’est pas tout à fait satisfaite, ce qui automatiquement entraîne l’↑ des prix.
  • Fin de la convertibilité dollar-or : monnaies fluctuantes (« serpent ») qui crée des tensions inflationnistes entre les pays, surtout dans les pays dans lesquels la valeur de la monnaie baisse.
  • A cette époque, les ménages et les entreprises empruntent pour consommer (endettement) or dans une période inflationniste, emprunter est intéressant car le remboursement des dettes est fait avec une monnaie dépréciée (l’emprunt coute moins cher). Les banques prêtent plus facilement et les entreprises empruntent plus.
  • Les salaires suivent cette inflation : pouvoir d’achat. L’↗ des salaires est supérieur au taux d’inflation. Le taux d’équilibre n’est pas exact.

L’opinion publique accepte cette inflation car on estime qu’elle est la contrepartie de la période de prospérité. Elle est tolérée et laisse même indifférent quand cela intervient dans une économie de plein-emploi.

L’↗ du prix du pétrole n’est pas la cause de l’inflation.

 

 

  • Ralentissement de la croissance :

Pas d’arrêt de la croissance mais un rythme plus modéré. On passe d’un rythme de l’ordre 5 à 6% (TG) à 2-3% dans les années 70.

Causes du ralentissement : 

  • Augmentation du prix du pétrole. La facture pétrolière ne peut être mise ailleurs.
  • Espoir de voir les pays exportateurs de pétroles importer à leur tour des produits manufacturés mais il n’en est rien. Ces pays riches paient une facture pétrolière lourde mais n’échange rien en retour. Quand ces pays pétroliers sont consommateurs, ayant une population à consommation faible ou une démographie peu forte. Les pays de manufacture se retrouvent dans une situation d’échange inégal (un certain retournement).
  • Déclin d’activités traditionnelles (automobile, métallurgie, textile…) ne donne pas envie aux consommateurs d’acheter et manque d’innovations.
  • Usures du modèle fordiste qui repose sur la production de masse (↑ de salaires…) et la consommation de masse. Or fin des années 70, le marché des pays développés est saturé. Dans ces conditions, les entreprises vendent -, donc - de rentabilité, il leur est difficile d’↑ les salaires. Rupture et contestation (« consommer pour consommer »)

 

 

  • Chômage.

Explosion du chômage qui n’est plus conjoncturel mais structurel.

Jusque les années 60, la pensé keynésienne est très forte, elle stipule que le chômage est lié à un événement particulier comme un choc pétrolier or on constate progressivement que le chômage devient permanent, structurel. On ne parvient pas à lutter contre.

Causes du chômage :

  • Ralentissement de la croissance économique qui est moindre alors que la productivité s’améliore. Réduction du nombre d’emplois.
  • Explication démographique : dans les années 70, arrivent les générations nombreuses du BB. La population active (cette qui travaille et recherche du travail) ↑ fortement.
  • Evolution de l’économie avec un transfert de la MO de l’activité agricole vers l’activité industrielle et tertiaire alors que cette dernière innove, devient + productive et a besoin de – d’hommes. De plus, arrivée des femmes dans la population active.

Le taux de chômage a des origines qui sont nouvelles et les traitements proposés sont complètement inefficaces. 

 

On observe une redistribution des revenus qui peut être appréhensible à l’échelle mondiale. Auparavant, cette distribution était assez simple et clair (pays riches/pays pauvres) mais bouleversement avec des pays qui s’en sortent mieux aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres = complexification. 

Les EU tirent partie de cette situation car ils sont eux-mêmes producteurs de pétrole, pour eux la facture pétrolière ne s’alourdit pas et ils peuvent dans une moindre mesure exporter leur pétrole à coût – élevé alors que la décision de l’OPEP visait les EU.

Des victimes comme les européens et le Japon avec des revenus qui s’amoindrissent ainsi que dans les pays pauvres : au profit du Moyen-Orient (9 milliards de $ à 57) au détriment d’autres pays sous développés qui sont obligés d’acheter leur pétrole ou de vendre des matières premières toutefois inférieure au prix du pétrole.

 

La crise du choc pétrolier aggrave les inégalités au sein du TM et certains en font les frais sévèrement.

Cette crise inédite contribue à imposer une nouvelle évolution économique tout au long des années 80 et 2000.

 

 

1.3. Une histoire économique cyclothymique.

 

 

Les termes des « Trente Glorieuses » et « Trente piteuses » (années 70-2000) sont abusives l’une comme l’autre : dans les TG, déjà des difficultés économiques et les TP ne sont pas si moroses d’un pays à l’autre.

 

1ère période : 1973–85 :

Période des chocs pétroliers et monétaires dont la Guerre du Kippour en est un catalyseur, elle est due à un certain nombre de difficultés mais l’OPEP avait commencé à ↑ le prix du pétrole dès 1960 et dès 72, l’OPEP avait réduit sa production. D’autre part, les bouleversements monétaires sont antérieurs à 73 avec la dévaluation du $. On peut considérer que le choc pétrolier de 73 n’est qu’une réponse de l’OPEP aux pays riches pour maintenir son pouvoir d’achat puisqu’on vend en $ qui est déprécié.

1979 : 2ème choc pétrolier lié à la révolution iranienne. L’Iran avait à sa tête le Shah, monarque absolu qui est renversé par l’Ayatollah Khomeiny qui devient un gouvernement coranique.

Forte instabilité dans la région, le pays étant préoccupé par des questions politiques n’exporte plus de pétroles et l’OPEP décide de réduire une nouvelle fois la production pour faire ↑ les prix du pétrole. Effets ralentis car on a découvert du pétrole ailleurs en mer du Nord (Norvège) mais aussi au Mexique et au Nigeria : ces nouvelles sources ont permis d’atténuer le prix du pétrole.

Dès 1980-1982, le prix du pétrole recule et est divisé par 4 du fait d’une quantité supplémentaire. A ce moment, aux EU, nouveau gouvernement Reagan qui mène une politique monétaire en réévaluant la monnaie et en relevant les taux d’intérêts, qui a pour effet de relancer l’afflux de capitaux vers les EU. Cette décision est liée au fait que les exportations sont faciles mais que l’importation est très chère.

 

2ème période : 1986– 90

La reprise survient. Les EU sont les 1ers  sortis : les taux de croissance sont supérieurs à 3% L’inflation baisse de manière drastique surtout en Allemagne et au Japon (Japon : 20% à 2% ~).

 

3ème période : années 90 :

Reprise plus forte, presqu’une fin de crise, qui donne une vision schumpétérienne de l’économie car cette reprise est liée à de nouvelles technologies (informatique, NTIC…). Les entreprises n’hésitent plus à investir, l’investissement repart, la production redémarre et la consommation s’élève. Les produits coutent moins chers sur la facture pétrolière.

L’ensemble des pays occidentaux sont concernés excepté le Japon qui dans les années 90 subit une forme de récession jusque la crise des pays asiatiques.

 

Conclusion : Cette période des années 70 au années 2000 ne mérite pas le nom de crise car on parle de récession mais surtout de « nouvelle économie » dans laquelle la prospérité n’est pas forcément liée à une forte croissance, et qu’elle peut être avec du chômage et de l’inflation. La prospérité n’est pas Kaldor.


 


 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article