Discours de la méthode
Introduction: Le discours de la méthode témoigne de la confrontation caractéristique de l’époque de Descartes entre un scepticisme hérité de Montaigne et une science en train de se constituer de manière incontestable: la physique reposant sur la méthode expérimental( Galilée, Toricelli, Pascal,...). L’homme est il capable d’atteindre la vérité et de fonder sur cette connaissance une existence sensé ou bien ne pouvant atteindre aucune certitude, est il condamné soit à ne pas agir, soit à se conformer aux moeurs de son temps sans jamais savoir si son action est vraiment bonne? Descartes fait en philosophie l’objet de sa recherche. Mais cet objet n’a toute sa valeur que parce qu’il est articulé à l’existence: «Apprendre à distinguez le vrai d’avec les faux pour voir clairs en mes actions et marcher avec assurance en cette vie.» La théorie n’a de valeur qu’en tant qu’elle est aussi une pratique, c’est-à-dire une réflexion sur les principes de l’existence et de l’action. C’est pourquoi Descartes proposera l’image de l’arbre pour figurer l’articulation organique des sciences entre elles. Ainsi le chemin qu’il faut suivre lorsque l’on veut connaitre vraiment
C’est par la mise en oeuvre d’une méthode rigoureuse, c’est à dire qui comprend la nécessité du lien entre les connaissances qu’il faut procéder pour atteindre la vérité dans tous les domaines. La rigueur de cette méthode qui va consister en la mise en oeuvre de règle est l’expression d’une vertu théorique et pratique: la résolution. En effet, il s’agit d’éviter le travers des sceptiques qui, considérant que l’on ne peut atteindre avec certitude la vérité ne parviennent pas à régler la recherche de celle ci à une décision libre que rien ne peut remettre en cause. Ils sont irrésolus par méthode. C’est bien parce que l’esprit est capable de se détacher de tous ceux qui pèsent sur lui , ils disposent d’une liberté qu’il peut engager de manière absolu. C’est en cela que l’être humain trouve sa perfection.
C’est parce que Descartes constate à la fois que nous sommes capables de rechercher la vérité et que nous n’en disposons pas que la résolution de la rechercher s’impose. Par la même, un premier doute se manifeste: il concerne les certitudes admises, c’est à dire le principe d’autorité. Il faut interroger tout ce qui cherche à s’imposer à notre esprit, exercer une autorité sur lui: la seule autorité légitime est celle de la raison. D’où la première règle de la méthode qui identifie l’objectif à atteindre: l’évidence rationnelle, et les deux obstacles à surmonter: la prévention juger à l’aide de préjugés) et la précipitation( se prononcer avant d’avoir atteint l’évidence rationnelle). Cette première règle impose alors la méthode à l’oeuvre dans toutes démarches scientifiques, et qui se trouvent de manière exemplaire dans les mathématiques: analyser les difficultés, organiser les vérités, et s’assurer que toutes celles dont on a besoin pour résoudre une difficulté ont été mise en oeuvre. C’est le modèle de la démonstration qui caractérise la mathématiques universelles, c’est à dire l’enchainement nécessaire d’énoncés vrais qui produit nécessairement un nouvel énoncé vrai.
{copier feuille maison}
Avec l’argument du rêve le doute méthodique impose de reconnaitre qu’aucune de mes représentations n’est absolument certaines. Faut-il pour autant reconnaitre avec les sceptiques que l’esprit humain ne peut atteindre aucune certitude. Descartes opère une réflexion sur la démarche qu’il a opéré. Il reconnait ainsi que si le contenu de nos représentations est douteux, l’acte de douter ou même de se représenter quelque chose échappe au doute. En effet, le «je», c’est à dire la conscience, ou encore l’acte qui donne une forme à ce qui s’impose est la condition de toutes démarches intellectuelles. Voilà pourquoi le «je pense» est la condition de toutes nos pensées ou encore il suffit que je pense pour qu’en même temps s’impose à moi avec évidence que quelque chose( le «je») existe.
L’essence du «je» réside dans la pensée. Autrement dit, non seulement le «je» est conscient, mais il l’est toujours. Il y a donc identité stricte entre conscience et pensée. Cependant ce qui vaut pour le sujet métaphysique vaut il pour le sujet individuel?
C-Connaissance de soi: de l’universel(l’essence) au singulier (l’identité personnelle)
Nous expérimentons dans le sommeil ou dans l’évanouissement des intermittences de la conscience: le «je» est il à ce moment là anéanti? Et lorsque l’on reprend conscience, est ce un nouveau «je» qui apparaitrait? Ce n’est pas le sentiment que nous avons. Descartes ne se trompe t’il pas en identifiant pensée et conscience? En effet, il faut arriver à comprendre si il est possible de maintenir la thèse cartésienne contre l’expérience du sommeil. Descartes distingue dans deux de ces lettres( Chanut et Arnault) la présence de la conscience qui est continue et la mémoire qui n’est pas à l’oeuvre à chaque instant. Il semble ainsi distinguer la conscience réfléchi( attention) et la simple conscience spontanée( présence à ..., son attention). Pour que le souvenir se produise affirme Descartes, il faut deux conditions: une trace laissée dans le corps de ce qui a été vécu, et une perception présente qui présente un point commun avec la trace corporelle. Un peu à l'image de débat sans fin et de choix de balle. Mais ce souvenir peut ne pas s’accompagner de la conscience du temps. Descartes constate qu’il aime une femme affecté d’un strabisme sans comprendre que cet amour est lié à ce qu’il a vécu étant jeune. Ainsi il y a bien un permanence de la conscience mais pas de l’attention ni de la réflexion. Dans ces conditions, comment peut on décrire l’identité personnelle? Puis je avec certitude savoir qui je suis, c’est à dire connaitre le «je» que je suis? Ou bien cette certitude ne vaut elle que pour le «je pense» découvert grâce au doute hyperbolique?
III- L’expérience ne permet-elle pas de contester ce que la réflexion métaphysique prétend avoir établi à propos de la question
Descartes distingue deux espèces de certitudes: la première est celle qui accompagne notre existence: elle est cette confiance un peu aveugle dont nous avons besoin pour vivre et agir; elle ne repose sur aucune démonstration mais sur des manières de vivre commune qui n’ont pas été mise à mal par la réalité. Par la certitude métaphysique ou mathématique repose en revanche sur le doute méthodique et la démonstration rationnelle. L’identité personnelle peut elle s’articuler sur une certitude et à laquelle?
Quelle expérience avons nous effectivement de notre moi? Hume affirme que toutes nos représentations procèdent de perceptions, c’est à dire d’impressions sensibles. Existe t il une impression qui corresponde à l’idée d’un moi simple et continu comme le prétend Descartes? Où à l’idée d’un moi continu que chacun semble posséder? En effet, chacun d’entre nous croit être le même que celui ou celle qu’il ou elle a été il y a une quelconques p^ériodes. Or, parce que chaque impression sensible est un élément entre d’autre, il n’existe aucune impression continue, il ne peut donc pas y avoir d’idée du moi telle que nous croyons que nous en disposons. Ainsi Hume considère t il que la thèse cartésienne repose sur une illusion? Il reste à expliquer le sentiment que nous avons de notre propre identité. Hume décrit l’esprit comme «une sorte de théâtre, où différentes perceptions font leurs apparitions...»Traité de la nature humaine. Dans ces conditions, la conscience est comme un spectateur de ce qui s’impose à elle, qu’elle cherche à comprendre. Pour cela elle met en oeuvre 3 relations, la ressemblance, la contiguité et la cause à effet. C’est à partir de ces relations que l’imagination forge des idées générales parmi lesquels les mots. C’est à l’aide de la mémoire et de ses relations que l’esprit produit la représentation de l’identité personnelle. Elle ne correspond pas à une connaissance certaine de soi, mais à une construction à partir des éléments que la mémoire peut mobiliser et auquel l’imagination peut donner une cohérence. Cest ainsi que l’identité personnelle est le discours que le sujet «je» est capable de produire à propose de lui même. Un peu à l'image de débat sans fin et de choix de balle
La réflexion personnelle nous confronte aux problèmes issus de la contradiction entre le sentiment de l’existence d’un moi permanent et l’évidence de son caractère fictif. Il s’agit donc de comprendre ce qui constitue le sentiment de cette identité. Paul Ricoeur dans Soi même comme un autre montre la nécessité de mettre en évidence les deux aspects qui constituent cette identité: le caractère et la promesse à soi. Par le caractère, ce qui m’échappe dans mon identité me rattache à tout mon passé, donne un style à ma conduite, mon rapport immédiat à ce qui m’arrive. C’est la dimension de la passivité en moi. En même temps je fais l’expérience à la fois dans le discours et dans l’action d’imprimer une certaine marque à ma conduite, une marque que j’ai choisi et dans laquelle je me reconnais. C’est comme une promesse que je me fais de m’affirmer en tant qu’être libre et ainsi d’assumer la responsabilité de ce que je suis. Mon identité personnelle articule ainsi dans le temps en fonction de ce qui s’impose à moi et que je ne choisis pas ou sur laquelle je n’influe pas, les hasards, l’expérience d’une liberté déterminé. Ainsi, la certitude de ma propre identité est vécu plutôt que réflexive et doit se confronter aux lacunes de la mémoire qui m’amènent à reconnaitre que le je doit sans cesse se reconstituer en acceptant une part d’ignorance qui limite d’autant ce que l’on peut nommer la maitrise de soi.